Un périple en Allemagne du Nord en 1906
Le récit de voyage de Paul Baillod
Un jeune Chaux-de-Fonnier découvre le nord de l’Allemagne à la Belle Epoque
Paul-Alexandre Baillod, originaire de Gorgier, est né au Locle le 5 août 1886. C’est le fils aîné de Paul Baillod (1855-1919) et de Louise Esther Houriet (1858-1896). Propriétaire d’une fabrique d’ébauches et négociant en horlogerie au Locle, puis à La Chaux-de-Fonds, Paul Baillod père a les moyens d’envoyer son fils bachelier faire un séjour linguistique en Allemagne entre octobre 1905 et juin 1907.
A cette époque, une bonne maîtrise de l’allemand est incontournable pour nombre de familles. Jeunes gens et jeunes filles effectuent un séjour linguistique plus ou moins long en Suisse alémanique ou en Allemagne. Les professions ayant trait au commerce, à l’administration, aux services, à la domesticité, exigent couramment les deux langues. Pour les élites romandes, l’allemand est indispensable à qui rêve d’occuper un poste à responsabilités.
A son retour, le jeune Paul Baillod termine à Neuchâtel ses études de droit entamées à Heildelberg, pour s’installer comme avocat et notaire au chef-lieu. En dépit d’une santé fragile, il mène une vie sociale active : membre de la Société de Belles-Lettres, du Rotary-Club de Neuchâtel – à ce titre il est gouverneur du 54e District du Rotary International de 1933 à 1934 –, il est aussi mécène et ami des arts. Paul Baillod décède à Cortaillod le 4 septembre 1950.
Le premier point de chute de Paul Baillod est Dresde, à la vie culturelle réputée et à l’époque quatrième ville d’Allemagne. Pour couronner cette année passée à l’étranger, son père lui offre un voyage pour découvrir le nord de l’Allemagne en août 1906, assumant aussi les frais d’un ami de Paul Baillod à Dresde, Guignard, jeune Vaudois aux origines modestes.
A la fin de l’été 1906, Paul Baillod argumente pour prolonger son séjour d’un an. Son père ayant accédé à son désir, il passe une année supplémentaire en Allemagne, choisissant finalement Heidelberg, plus proche de la Suisse que Berlin et centre universitaire également réputé.
Ce qu’il dit à son père au retour de son voyage dans le nord de l’Allemagne vaut pour tout son séjour: « J’ai sûrement beaucoup appris dans ce voyage, non seulement au point de vue scientifique ou artistique mais aussi à me débrouiller, à avoir du sang-froid, à faire attention. » (21 août 1906)
De la capitale du royaume de Saxe entre octobre 1905 et septembre 1906, puis de Heidelberg d’octobre 1906 à mai 1907, le jeune homme a écrit à sa famille, en principe une fois par semaine, 71 lettres de quatre pages en moyenne. Elles ont été déposées aux Archives de la vie ordinaire en 2007. Parmi celles-ci, quatre lettres – plus longues que de coutume – racontent le voyage dont il est question ici.
Bibliographie : Ramseyer (Jacques), « Une vie d’étudiant dans l’Allemagne de la Belle Epoque. Lettres de Paul Baillod, de Dresde à Heidelberg, 1905-1907 », dans Revue historique neuchâteloise, 1-2/2017, pp. 103-120