Un voyage en Suisse en juin 1785

Relation du voyage que j’ai fait à Genève accompagné de Monsieur le Maître Bourgeois Pettavel, Madame son épouse et un Monsieur de Genève

Un voyage en Suisse en juin 1785

Ce récit d’un voyage de dix jours de Neuchâtel à Genève, en faisant une boucle par Berne et le Pays de Vaud, est dû à la plume d’un auteur inconnu, probablement un jeune adulte. Ce document figure dans le fonds Charlotte Borel, fille de Charles-Auguste Borel (1802-1879) et de Sophie Wavre. Cette dernière est la fille d’André Wavre et de Sophie Pettavel. Or le voyage est accompli avec le maître bourgeois Pettavel et son épouse, ce qui peut expliquer la présence de ce bref récit dans des archives contenant entre autres divers documents relatifs à la famille Pettavel.

Le mardi 21 juin 1785, le petit groupe de voyageurs, qui compte quatre personnes (le couple Pettavel, un « Monsieur de Genève » et le narrateur), part en direction de Berne, puis gagne Lausanne en passant par Morat, Avenches, Payerne et Moudon, avant de longer le lac jusqu’à Genève. Au retour, les Pettavel et l’auteur font étape pour la nuit à Rolle, puis à Yverdon-les-Bains. Leur programme est chargé et ils se lèvent souvent fort tôt le matin.

L’auteur de ce récit décrit de manière ponctuelle ce qu’il découvre. Ses appréciations sont presque toujours positives : « un beau et agréable chemin », « un très beau coup d’œil », « plusieurs beaux points de vue », « les promenades y sont très belles et offrent une superbe vue », etc. Il partage l’esthétique du pittoresque propre au romantisme naissant et son témoignage relaie l’image d’une Suisse champêtre idéalisée.

Les lieux visités sont relativement peu décrits, à l’exception de la ville de Berne, dont le narrateur retient principalement la visite de l’Arsenal. Outre l’évocation des « très jolies campagnes », il est sensible au passé romain d’Avenches et aux traces laissées par les guerres de Bourgogne – pièces exposées à l’Arsenal de Berne, ossuaire proche de Morat et commémoration de la bataille de Morat le jour où les voyageurs font étape dans la petite cité. Il ne manque pas de visiter les églises et assiste même, à la Comédie de Genève, à une représentation du Mariage de Figaro (dont la première représentation publique avait eu lieu un an plus tôt, le 27 avril 1784 au théâtre de l'Odéon à Paris) : « c’est une pièce qui gagne beaucoup à la représentation et qui est fort goûtée ».

Peu d’anecdotes, dans un récit qui se limite à l’essentiel, sinon « une femme ridiculement mise qui nous a beaucoup intrigués pour savoir qui elle était » ou encore « diverses petites circonstances qui nous firent beaucoup rire entre autre le chapeau de Monsieur Pettavel qui courut grand risque d’être perdu, et dont la perte lui aurait été d’autant plus sensible qu’il est doublé d’un maroquin et parait devoir faire encore un long usage ». Un voyage joyeux au demeurant, passé en bonne compagnie, qui s’achève le jeudi soir 30 juin 1785, avec le plaisir de retrouver « nos chers parents en bonne santé ».

 

L’orthographe a été modernisée, mais la ponctuation originale est respectée. Les sous-titres ont été créés pour le présent dossier.

Table des matières

De Neuchâtel à Berne

De Morat à Lausanne

De Lausanne à Genève

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