L'arrivée à New York

Dimanche

Chaque matin nous avons pris un bain chaud vers 9h. et à 8 on m’apportait un déjeuner très compliqué porridge, crème, marmelade sandwich beurre miel café ou thé. Je prends un peu de tout. Père descend à la salle.

Avons assisté au culte anglais donné par le Révérend X jeune et convaincu. Avons chanté si facilement et compris 2 beaux cantiques et compris en partie la méditation. Actes 26 : comme Paul tout quitter pour suivre les pas du Christ et pas comme Agrippa…

Une nièce du peintre Gleyre est venue nous saluer et d’autres chrétiennes si affables, expression angélique.

Lundi matin 6 ½

Avec regret nous allons quitter le Normandie dont la vue sur l’Océan toujours prenante toujours attirante, m’a fait grandes jouissances.

Je n’oublierai jamais les milliers de mouettes près de l’Angleterre et maintenant nous allons voir et toucher l’autre côté.

De tribord hier on m’a dit qu’on l’apercevait mais nos chaises-longues étaient à bâbord et nous étions las. J’espère revoir aussi des amis de 5 jours, les 3 jeunes sœurs indiennes toujours contentes quand je leur parlais et les enfants qui riaient de si bon cœur à Guignol, et nos jeunes servants, si dignes déjà. Père se lève, je le suis, et vais au bain, père s’abstient.

A l’approche de New-York ce sont de grandes libellules qui arrivent dans le bateau pour la joie des enfants, les jeunes gens lancent des pétards, les repas sont pris à la hâte ; une foule immense sur les quais des falaises et Long Island se dessinent.

Quand nous passons pour nos passeports avant d’évacuer le bateau on interroge chacun pour connaître sa résidence à N.Y. et ce qui nous y attire ? … notre fils.

 

« Il est à la porte », nous allons le faire venir… attendez là sur ces fauteuils. Des minutes qui nous paraissent des heures et Chou grand beau basané arrive tout souriant. Il venait de s’informer sur la liste des étrangers si le nom « Bourquin » y était. Les bruits de guerre l’avaient fait douter encore de notre arrivée ; il avait pu avoir un Pass, une faveur pour venir sur Normandie. (…)