Fin du séjour viennois

Lucy Schneider évoque le plébiscite voulu par Hitler pour confirmer l'Anschluss, mais son séjour viennois touche à sa fin.

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Le 6 avril 1938, Lucy Schneider quitte définitivement sa famille d'accueil, les Schnitzler. Les deux dernières semaines se sont mal passées. Elle prend pension au Home (à l'Institut suisse de Vienne), où elle semble très heureuse de jouir de sa liberté. En un mois, les nazis sont parvenus à contrôler totalement l’Autriche. Afin de « légaliser » cette agression caractérisée, Hitler annonce qu’un plébiscite sur l’Anschluss aura lieu le 10 avril . Voici comment Lucy ressent l’événement :

Ici ont lieu maintenant les grands préparatifs pour le plébiscite de dimanche. On érige des sortes d’autels immenses avec l’image de qui vous savez ; partout on colle, on décore, on fait de la réclame. La ville sera illuminée samedi. Je me réjouis de voir ça. Il paraît que c’est merveilleux ! 

Le 13 avril, la jeune fille constate :

Tout est maintenant très tranquille ici ; il y eût (sic) samedi de grands discours, défilés, etc… Mais tout s’est passé sans grand chahut. […] La ville a été – et est d’ailleurs encore – décorée d’une manière folle. C’est une lessive de drapeaux rouges avec cercle blanc et croix gammées. Les vitrines sont décorées. Les immenses pylônes blancs avec aigle allemand et croix gammées s’élèvent au Graben et à la Stephansplatz. Dimanche, jour du vote, tout était très tranquille. Je suis allée le matin à l’église protestante, ensuite à la messe à la cathédrale, et le soir écouter dans une petite église un jésuite qui parle merveilleusement bien. J’allais oublier de vous dire que j’ai vu samedi le Führer sur son balcon d’hôtel. Il saluait la foule hurlante avec sa casquette sur le nez et un air presque rogue. Assez impressionnant d’ailleurs.