Aux Grands Marais

A nous les grands espaces!

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Certaines années de grand froid, nous nous rendions en train aux Grands Marais. Cette région située au bout du lac de Neuchâtel, entre l'embouchure de la Broye et de la Thielle se mettait subitement à geler car l'eau à cet endroit est peu profonde. Le chemin de fer Neuchâtel - Berne s'arrêtait spécialement à Maison Rouge, juste après avoir franchi la Thielle. Nous dévalions alors le talus de la voie ferrée et arrivions au bord du lac, dans une forêt de roseaux. Quelques piquets peints en rouge délimitaient, bien en avant dans le lac, la zone dangereuse à ne pas dépasser. Quel bonheur de pouvoir ainsi se déplacer à grande vitesse sur la glace sans avoir besoin de tourner en rond et de se faire bousculer comme à la patinoire. Autre délice: pas de Monsieur Farine! Il faut que je vous dise que Monsieur Farine était le gardien de la patinoire de Monruz et que pour se faire respecter, il lui arrivait quelques fois de foutre une taloche, comme nous le disions.

Ici, aux Grands Marais nous étions comme perdus dans le grand Nord. A nous les grands espaces! Un de nos jeux préférés consistait à repérer entre certaines troches de roseaux des bulles sous la glace qui pouvaient atteindre jusqu'à un mètre de diamètre. C'était le gaz des marais qui sortant du sol venait butter sous la surface glacée. Alors avec un poinçon nous percions un trou et aussitôt que le gaz s'échappait nous l'allumions avec nos allumettes de marque "Le Soleil". Quel beau spectacle alors s'offrait à nos yeux ébahis! Une flamme bleue, haute parfois de 50 cm brûlait ainsi souvent plus d'une minute.

Comme, à cette époque déjà, on n'arrêtait pas le progrès, arrivèrent sur le marché les patins de hockey pour les hommes et ceux de patinage artistique pour les filles. Cette fois la chaussure et le patin ne faisait qu'un, sans risque de rupture. Une autre innovation fut l'apparition de la chaussure de ski à double laçage. C'est dans les magasins Kurt, Hug, Bailly ou Bata que ces merveilles se vendaient. En ce temps-ci déjà, Noël était en hiver et ces articles représentaient pour la plupart des parents le cadeau idoine à placer sous l'arbre.

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