Saint-Blaise en 1906

Le café du Tilleul à la Calabre

Le patron de la brasserie [Brasserie Müller] proposa à mon père de reprendre et de louer le café du Tilleul à La Calabre.

Mon père a vendu sa maison pour pouvoir louer ce café qui appartenait à Eugénie Engel pour 1200 francs par an.

De 1906 à 1912 on était là paysans et cafetier, nous avions 12 vaches et un cheval. Nous avions beaucoup de travail et 32 ouvriers de vignes à travailler.

Nous étions 9  mon père, mon oncle, Fernand Juan, le vieux domestique le père Radet, un plus jeune domestique et deux journaliers pour les vignes et trois fils de 10, 12 et 14 ans.

Ma mère, une cuisinière, une lessiveuse, une sommelière, nous étions 13 à table. Notre vieux domestique Radet (Dardel) me surnommait l'avocat.

[...] Chaque printemps, une trentaine de saisonniers italiens venaient tailler la pierre jaune, ils logeaient dans les vieilles chambres disponibles chez le père Marazzi et un peu partout.

Ils étaient bons clients chez nous entre 11 heures et midi ils venaient boire une ou 2 absinthes qui coûtaient seulement 0f30 le verre; la bière était seulement 0f15 la chope de 3dl.

J'ai vu construire en 1906 la Maison Mouffang et la Maison Humbel en belles pierres de taille et le Grand-père Marti couvreur nous embauchait, nous les gamins pour couvrir le toit, on devait faire la chaîne pour passer les tuiles. Il nous payait pour un après-midi 1 franc ou 0f50 suivant notre âge.

Le soir ces Italiens s'asseyaient parterre dans la ruelle de la Dîme et ils chantaient tous en italien.

C'était surtout des arrivants de la Calabre. C'est pour cela que le haut du village a été baptisé la Calabre.