Porteurs de bois

Les "gagne-petit"

Maurice Girardin né en 1936 à La Chaux-de-Fonds, est fils d'un ouvrier horloger souvent sans travail. Dans un récit intitulé Souvenirs, souvenirs ou la nostalgie est toujours ce qu'elle était..., écrit en 2003 à l'intention de ses petits-enfants, il évoque les difficultés des années 1930.

Extraits:

Les années "trente" furent celles de crise générale tant en Suisse, qu'en Europe et aux USA.

Dès lors, plus de travail. Chômeur, il fallait aller "signer" chaque matin à l'Office du travail. La débrouillardise était de mise. Pour arrondir les très maigres prestations servies aux dits chômeurs, Momo (c'est ainsi qu'il nomme son père, ndlr) travaillait parfois "au noir" quelques jours sur un chantier ou alors était porteur de bois. En effet, à l'époque, les installations de chauffage général étaient fort rares et chaque locataire se faisait livrer un (ou quelques) stère(s) de bois qu'il fallait débiter et déposer dans sa chambre-haute... D'où le "métier" de porteur de bois.

Mais il était moins coûteux d'aller chercher son bois soi-même dans les forêts; aussi on pouvait "louer" un coin de forêt et effectuer ce que l'on appelait alors "une débrosse".

Je m'excuse de relever ce détail: je le fais à l'intention de mes petits-enfants qui n'ont pas connu cette époque qu'ils doivent juger digne du moyen-âge!

Les hivers chaux-de-fonniers étaient plutôt favorables à ces chômeurs "gagne-petit" car s'il y avait un manteau blanc couvrant les rues de la cité, ils se rendaient à l'aube au service des travaux publics dans l'espoir d'être engagés à la journée pour débarrasser cette neige pour eux bienvenue! Donc, malheur à celui qui ne s'était pas éveillé à temps: les équipes étaient formées, donc pas de travail et, conséquemment, "pas de beurre pour les patates".