Femme au foyer ?

De la ménagère à la consommatrice

Femme au foyer ?

Parler du quotidien de la ménagère à travers cinquante ans d’histoire et davantage, c’est aussi évoquer l’évolution de la condition féminine durant un XXe siècle qui a connu la progressive accession des femmes à l’égalité avec les hommes.

Les femmes ont toujours travaillé aux champs et à l’atelier, ou encore comme domestiques dans les maisons aristocratiques et bourgeoises. Cependant la révolution industrielle du 19e siècle va marquer une rupture, en dissociant d’une part le travail en entreprise, organisé en fonction des hommes, à plein temps (sans prendre en considération le fait que beaucoup de femmes et d’enfants étaient obligés de travailler à l’usine ou à la mine), et d’autre part le travail domestique, réservé aux femmes.

Autre rupture liée à la révolution industrielle : l’apparition d’une classe moyenne suffisamment aisée pour que le seul salaire du mari suffise à entretenir la famille. C’est à ce moment-là que naît le type (ou le stéréotype) de la femme au foyer, de la bonne ménagère qui permet à l’homme de retour à la maison de récupérer de sa journée en toute quiétude et de repartir au travail reposé, bien nourri et psychiquement valorisé.

La conséquence de cette forme de ségrégation due au genre est que les jeunes filles de la classe moyenne n’ont pas besoin de faire d’études : il leur suffit d’incarner un modèle maternel respectable, d’avoir une formation de bonne ménagère et assez de culture pour soutenir la conversation avec leur époux et les amis du couple.
Si elles ne sont pas mariées, les femmes, quand elles ne travaillent pas en usine ou à la mine, n’ont pas accès à tous les métiers – et de loin. Elles sont principalement affectées aux tâches de soin (infirmières), d’éducation (institutrices ou préceptrices) et d’entretien (domestiques, blanchisseuses)…

Le travail domestique était très répandu naguère au sein des familles aisées. Dans les milieux bourgeois, les femmes ont formé près de 90 % de cette main-d’œuvre depuis le milieu du 19e siècle. Dans le canton de Neuchâtel comme ailleurs, il était courant dans la bourgeoisie d’avoir un ou plusieurs domestiques, dont le travail était assez strictement encadré (cf. dossier "Règlement de ménage").

Après la guerre, le quotidien de la femme au foyer va progressivement se simplifier. C’est l’époque des Trente Glorieuses, où le chômage n’existe pas ou presque, où les revenus des familles augmentent, où la société de consommation débarque. Une vraie révolution se met en place, avant mai 1968, avec la généralisation des machines qui vont complétement transformer la vie de la mère de famille et faire d’elle la reine des arts ménagers : le lave-linge évite le travail particulièrement pénible de la lessive ; les cuisinières électriques ou à gaz remplacent les potagers à bois ; avec la cocotte-minute et les robots de cuisine, le réfrigérateur bouleverse les habitudes alimentaires et le quotidien de la ménagère.

A coup sûr, le travail de la ménagère ne s’est jamais autant transformé que depuis les années 1960. La préparation des repas se complique, avec un regain d’intérêt pour la gastronomie, la qualité des produits, et se simplifie en même temps, avec les plats précuisinés. Et aujourd’hui, la ménagère n’est plus seule responsable des achats. Dans les pays occidentaux, même si beaucoup d’hommes ne participent toujours pas aux tâches ménagères, un couple sur deux, en 2018, partage les décisions d’achats…

Trois témoignages tirés des fonds des AVO illustrent ce passage progressif de la ménagère "à l'ancienne" à la consommatrice responsable.

Table des matières

Une ménagère modeste de l'Entre-deux-guerres

La cuisine, au centre de la vie de la ménagère

Conseils aux consommatrices