Conseils aux consommatrices

PHOTINI DROZ a commencé sa carrière en 1940 comme employée de bureau à l’entrepôt des Coopératives Réunies de La Chaux-de-Fonds. A la fin des années 1950, on lui propose de tenir une rubrique qui deviendra bi-mensuelle dans le journal Coopération, pour faire le lien entre les différentes Coop de la région jurassienne, de La Brévine à Saint-Brais. Photini Droz va s’adresser à ses « chères amies » les consommatrices sous le nom de Christine, de janvier 1960 à décembre 1968. Voici trois de ses chroniques de l'année 1968.

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22 janvier 1966
Sans être terre à terre, nous avons à nous occuper du coût de la vie ; nos budgets ne sont pas extensibles à l’extrême. Celles d’entre nous qui font des comptes savent par avance combien certains mois sont « difficiles ». Les échéances des impôts, du loyer, du combustible reviennent périodiquement. Les imprévus : maladie, dentiste font hélas parfois pencher la balance, et il est, dans certaines familles, quasiment impossible d’en sortir sans s’endetter. Considérant que tout aille bien, sans à-coup – avouez que je suis optimiste –, décembre reste, est devenu, devrais-je dire, un mois cher. Il faut prévoir les invitations, les cadeaux, les visites aux malades. C’est à croire que tout l’amour que nous ressentons attend ce mois pour se manifester, oser éclater au grand jour. Afin de permettre aux ménagères prévoyantes d’avoir quelques ressources financières pour procurer des joies à leur entourage, Coop a imprimé des cartes-cagnottes. Cette carte doit être munie de 48 timbres de Fr. 1.- A la fin de l’année, elle donne droit à l’achat de Fr. 50.- de marchandises. (…)
Des centaines et des centaines de ménagères ont déjà su tirer profit de ce service et sont soulagées de terminer l’année sans ennui pécuniaire. Une résolution à prendre et à maintenir : chaque lundi un ou plusieurs timbres de Noël pour la cagnotte, n’oublions pas ! Si le retard s’accumule, nous ne pourrons plus le combler !

30 mars 1968
La vie économique d’une région, d’un pays, se transforme de plus en plus vite. Qui achète encore des ustensiles galvanisés ? Le plastique a supplanté le métal ; la diversité des couleurs de cette nouvelle matière égaie la cuisine, rend d’une certaine manière les travaux ménagers plus agréables. Et la soude ? Et le savon en morceaux pour la lessive ? Actuellement nous, les ménagères, recherchons le fonctionnel. Nous nous attachons moins au luxe.
Après déjà vingt ans d’existence en Amérique, le magasin discount a fait son apparition en Suisse à la fin de l’année dernière. Les Coopératives Réunies, désireuses de mettre à la disposition de leurs coopérateurs les formes de vente nouvelles, ouvrent le premier discount en Pays de Neuchâtel. Celles qui sont intéressées par ce genre de magasin trouveront dans les pages suivantes tous les renseignements à ce sujet. Si plus de 300 articles sont en vente dans le discount, nos autres magasins en ont plus de 3000 ! Impossible de comparer !
En même temps que l’ouverture du discount, les coopératrices pourront bénéficier de la double ristourne dans tous les magasins des Coopératives Réunies / épiceries et spécialisés. Jeudi – vendredi – samedi (cette fin de semaine), profitez donc de faire vos achats spéciaux : habit de communion pour le fils, blouses, jupes et bas pour maman et sa fille, parfumerie, produits d’alimentation naturelle (pharmacie rue Neuve 9), les vernis pour vos travaux de retouche printaniers dans toutes nos officines, les articles de camping, les livres, etc… Je sais que les ménagères – jeunes et aînées – apprécient toujours les timbres ristourne : leur pécule annuel pour les fantaisies ou simplement le renouvellement du trousseau usagé.

18 mai 1968
Cette fin de semaine, nous élirons nos conseillers généraux. Chaque parti nous fait part de son optique politique, économique, sociale. Sur ces bases, nous fixerons notre choix. Ce n’est pas simple ! (…)
De trop nombreuses femmes se désintéressent totalement des affaires publiques. Elles ont tort ! Un jour seules, célibataires, veuves, divorcées, elles se verront contraintes d’affronter des questions d’ordre matériel, juridique. Sans préparation préalable, sauront-elles faire valoir leurs droits ? Chères amies, nous jouons un rôle important dans l’essor économique, industriel, social du pays, en avez-vous conscience ? Le fait d’entrer seule au restaurant, au cinéma, de fumer des cigarettes, n’est qu’un simulacre d’émancipation. Nous ambitionnons que nos filles étudient, deviennent indépendantes ; habituons-les à s’intéresser à l’ensemble des problèmes de la vie. Elles ne sont fonction ni du père, ni du frère, ni du mari. Apprenons-leur à vivre pour elles-mêmes une vraie vie !

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