La pension et ses pensionnaires

Dresde, le 3 novembre 1906


Parlons maintenant de ma patronne et des pensionnaires. Mme Hiltebrandt est comme vous pouvez le voir sur la photographie d’aspect avenant. C’est une personne qui sait tout de suite vous mettre à l’aise, et s’entend fort bien à mener une pension. Grande parleuse et grande rieuse, c’est elle qui dirige la conversation à table. Elle me fait très bonne impression, moins toutefois que son mari que je vous ai déjà décrit.

Voici les pensionnaires par ordre d’ancienneté :

2 Anglaises, l’une accorte, bienveillante, possédant un assez joli vernis scientifique et littéraire – je dis vernis parce que sitôt qu’on approfondit un peu, on tombe dans le néant – est la dame de compagnie d’une miss mélancolique qui chante beaucoup, ayant une assez jolie voix. En somme deux gentilles et inoffensives personnes.

Une Russe, Allemande d’origine, assez belle fille, ayant quelque peu le type tartare, très intelligente mais sensitive à l’excès.

Un Américain paresseux et riche, de savoir nul mais d’orgueil incommensurable. (…)

Une Finlandaise, très douce, un peu molle, qui gagne à être connue. Papa et moi l’avions jugée insipide, mais j’ai découvert depuis qu’elle est intelligente, mais très naïve.

Enfin, Bibi qui tâche de se maintenir à la hauteur de cette société choisie. (…)



pdf _bailod.pdf (323 Ko)