Du chocolat pour éviter le mal de mer

De Londres à Curaçao

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« Rimutaka » – En mer (papier à en-tête The New Zealand Shipping Company’s)

Chers tous,

Je vous écris une salade russe, mais je pense que vous la digérerez sans difficultés. Voilà, le 11 oct., pour la première fois depuis des mois il pleut à Londres. Nous partons donc sous la pluie, en auto jusqu’au port de Londres. Notre bateau est au Royal Albert Dock au N° 25. C’est immense, immense. Sans difficultés nous passons la douane, à 11h, nous sommes dans notre cabine et à midi le bateau passe entre d’autres grands bateaux, avec souvent quelques centimètres de chaque côté, tiré par 2 petits canots à traction pour le conduire. Nous passons les écluses, ils ouvrent une porte et lorsque le bateau a passé, la ferment pour ouvrir la porte suivante. S’imaginer que de si grands bateaux puissent passer par des canaux si étroits, ce n’est presque pas possible. Enfin, après 1 heure ½ le bateau arrive dans la Tamise, et hop, on y va.

La cabine est très jolie et confortable. C’est comme un petit appartement. Nous avons des vrais lits, étroits, mais très confortables. Beaucoup d’armoires et tiroirs ; 2 ventilateurs dans la chambre et un dans la ch. de bains ; 4 grandes glaces ; douche, eau chaude continuellement, enfin nous nous sentons tout à fait ‘à la maison’.

A 1h. nous dînons. La nourriture est très bonne. La salle à manger est immense, mais extrêmement jolie. Au plafond il y a environ 60-80 ventilateurs qui fonctionneront dans quelques jours, lorsque nous serons dans les parties tropicales. Ce sont des garçons qui servent, tous extrêmement sympathiques. Il y a environ 200 places dans la salle à manger. Il y a 280 passagers et 200 hommes d’équipage. Environ 500 personnes en tout. La salle à manger est en bas. Les cabines des passagers au premier, les différents salons, fumoirs, salle de jeu etc., au second, donc sur le premier pont. Un étage plus haut, il y a les officiers, environ 30. Et au dernier étage il y a le domaine du capitaine avec appartement etc. Le premier demi-jour je me sens très bien. Humphrey et moi nous avons fait un peu de marché noir pour du chocolat, car c’est le meilleur remède pour le mal de mer. Alors avant d’embarquer je me suis enfilée (sic) des bonnes doses de chocolat. Et sur le bateau je mange chocolat et chocolat. La première nuit je dors très bien. J’ai dégringolé une seule fois de mon lit. Mais le matin lorsque je me lève, j’ai le tournis, ça commence… pauvre Humphrey, c’est lui qui va lancer les petits (ou plutôt grands) cornets, dans la mer. Oh ! tout le chocolat y a passé, je peux dire que j’ai soupé de chocolat, je ne peux plus le sentir maintenant. Je ne me souviens pas combien de ‘Oh !’ ça fait mal j’ai dit. Mais après 2 jours je suis de nouveau sur les jambes et Humphrey dit que je suis immunisée, je n’aurai plus jamais le mal de mer. Je le souhaite, car ce n’est pas rigolo.

Pendant la nuit souvent je crois que mon mari ronfle, mais c’est le bateau qui grince. Nous retardons nos montres presque chaque jour d’une demi-heure. Lorsque nous serons à Curaçao, vous aurez 9h du soir lorsque nous aurons 4h de l’après-midi. Lorsque nous serons à Fidji nous aurons midi et vous minuit. Un peu avant d’arriver en Nouvelle Zélande, nous perdrons un jour, donc si c’est vendredi aujourd’hui, demain ce sera dimanche. Lorsque nous reviendrons, dans 3 ans, nous aurons alors 2 fois vendredi. Si vous y comprenez quelque chose, tant mieux.

Ici, le soleil se lève toujours à 6h et se couche à 6h aussi. Humphrey et moi nous lisons beaucoup et nous jouons aux échecs. Marc tu devrais apprendre à jouer, c’est un jeu passionnant. Humphrey lui, n’aime pas beaucoup jouer avec moi, car il dit qu’il attrape froid aux pieds et chaud à la tête !

La plupart des passagers sont des gens de la Nouvelle Zélande. Humphrey les déteste, il trouve qu’ils sont un peu ‘animal’. C’est bien vrai. Ils ont quelque chose d’ordinaire qu’ils essaient de cacher, mais sans réussir. Des gens de fabrique, voilà un peu la coupe. Les femmes, mariées ou pas, ont toujours l’air de chercher un homme. Elles mettent leur immense poitrine en avant, le derrière aussi en arrière possible, enfin imaginez. Nous avons de la chance d’avoir un gentil couple, 2 vieux riches, à notre table. Ils parcourent le monde pour dépenser leur argent. Le capitaine nous invite aussi parfois pour l’apéritif. Il est très gentil. Le 18 oct., l’équipage qui était en bleu marin jusqu’à ce jour change et tout le bateau est en blanc, du capitaine au troufion. C’est épatant, ça change complètement, on se sent dans les tropiques déjà. Dans la salle à manger tous les ventilateurs sont en marche 60-80. Des hélices au plafond. C’est très joli. Le soir, nous avons du cinéma mais la mer est mauvaise : tout le monde risque de tomber par terre.

Le 19 à 11h il y a un épais brouillard sur la mer. Le bateau ralentit et siffle, mais ce n’est pas pour longtemps. Après 2h, le brouillard a disparu. J’ai oublié de dire que nous avons longé les côtes des Açores le 16. Le bateau ne s’est pas arrêté. Je dors toujours très très bien, malgré la chaleur. Il fait bien chaud, bientôt 90° (= 32,2° Celsius) en Fahrenheit. Marco calcule. Il y a bien d’étranges petits animaux qui nous tiennent compagnie qui ne feraient pas l’affaire de Jeannette : cafards, perce-oreilles etc. Humphrey les aime, il les collectionne pour les musées ! Jusqu’au 24 oct. le bateau a parcouru 4'000 miles anglais (6'437 km). (Marc calcule). Il fait environ 300 miles (482 km) par jour. Je vous écrirai comment j’ai trouvé Curaçao.

Bons baisers à tous. Salutations d’Humphrey.

Hélène

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