C’était la première fois que je tâtais du wagon…

De Saint-Martin à Francfort

Diligence suisse en 1850 (tous droits réservés).

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Il m’a été donné d’accomplir un projet formé depuis bien longtemps, celui d’aller voir à Londres ma fille, mon gendre et leur jeune famille. Mr. Jacques de Gélieu ayant bien voulu se charger de mes fonctions pendant 4 dimanches, je suis parti de la maison le jeudi 12 juin sous la conduite de Paul qui m’a mené dans son char à La Chaux-de-Fonds. Dîné chez Mr. Monnier. Parti avec ce dernier à 2 h. par la diligence des Franches-Montagnes et arrivé à 10 h. de la nuit à Bellerive chez le beau-frère de Mr. Monnier, Mr. (?) qui nous a reçus de la manière la plus amicale. J’ai vu chez lui Mlle Pauline Monnier notre ancienne pensionnaire qui m’a promis de venir nous voir l’hiver prochain. Partis de Bellerive à 1 h. du matin par la diligence qui passe à Sonceboz, nous sommes arrivés à 5 h. à Bâle où nous avons déjeuné. Nous avions avec nous Mr. Sueur qui devait être notre compagnon de route. Pendant les 1h½ de loisir que nous avons eu à Bâle, j’ai parcouru les rues de la ville voisines du bureau des Postes et vu entre autres le marché aux poissons. J’ai revu aussi le Pont du Rhin qui m’était déjà connu. Il était environ 6h½ quand un omnibus vint nous prendre pour nous conduire à la première station du chemin de fer badois, à 1 petite lieue de Bâle. Là, on a visité d’une manière peu sévère nos malles et nos passeports et à 8 h. le convoi s’est mis en route ; c’était la première fois que je tâtais du wagon ; aussi pendant les premières minutes, ai-je éprouvé un peu de vertige, mais cette sensation a été bientôt passée et je n’ai pas tardé à trouver mon nouveau véhicule préférable au coffre bas et étroit des diligences. Nous avons employé toute la journée à parcourir dans sa longueur l’interminable grand-duché au sol fertile, mais peu varié, et nous sommes entrés à la nuit tombante à Francfort que gardent des soldats prussiens conjointement avec quelques autrichiens que j’ai aperçus le matin suivant dans un autre quartier de la ville. Soupé dans un grand hôtel et réparé les privations de la journée par la dégustation des meilleurs vins du Rhin.

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