Vers le grand départ
Départ le 5/7 [1939] sur « Normandie »
Ce dimanche 2 juillet, nous partons à 9 heures de Besançon. Le temps est gris et froid. 9 degrés.
(…) Allons avec la Flèche à Dijon 12h28 où enfin je peux me réchauffer en allant acheter des cartes. Dijon me rappelle Toulon.
Arrivons à Paris, Hôtel de la Cité Bergère à 19h. Après une matinée à courir aux renseignements nous constatons que nous aurions très bien pu prendre nos billets rue Auber 6. French Line Cie transatlantique où nous avons pu retenir nos places pour le train Paris – Havre sans détours et où on nous a tranquillisés au sujet de notre grande valise expédiée de Chaux-de-Fonds à Havre-gare.
Nous déjeunons à 8 h. dans notre chambre très bien toute ensoleillée et confort. A midi pour 1h50. Allons faire quelques emplettes puis au Bois de Boulogne où nous jouissons du calme de la sérénité et de la température extra agréable.
Mercredi matin 6 ½ ,
« Voici venir la journée / du départ des grands-parents. / C’est Dieu qui nous l’a donnée. / Nous y allons en chantant. (…)
Le long train Paris – Le Havre est rempli de voyageurs et surtout de valises ; nous sommes heureux de n’avoir que nos petits bagages, puisque la grande valise fut expédiée directement Havre-gare. Nous l’avons trouvée dans notre cabine ainsi que 3 lettres de nos enfants ce qui nous émut beaucoup et auxquelles nous avons remercié de suite avant que s’ébranle notre demeure momentanée.
Comme pour l’Ile de France on ne s’aperçoit pas quand on quitte la terre, un couloir nous conduit de l’un à l’autre.
J’ai emmené de suite père sur le grand pont… afin de voir l’imposant départ les milliers d’accompagnateurs les fleurs lancées, les bateaux qui suivent en faisant signe et admirer Le Havre, si si grand tandis que nous n’avons réellement vu aucune ville en venant, seulement de jolies villas propres et tranquilles.
A regret j’ai emmené père auprès du commissaire, notre 119 ne me plaisait pas, les lits étaient superposés. Gentiment il a accédé à notre demande et nous a envoyés au bureau précédés par un jeune messager en veston rouge, et deux rangées de boutons, l’air éveillé. Nous décidons de ne pas déballer notre grande valise, de nous contenter de ce que nous avions pour Paris. Déjà nous nous séparons afin d’admirer et de voir ce qui l’intéresse le plus ; pendant que je visitais les 1ères père a loué et choisi l’endroit pour nos chaises-longues accompagnées de chaudes couvertures écossaises en laine père a pris sous pont couvert et peu après une petite pluie nous chassait du pont découvert.
Des jeunes mousses apportèrent le bouillon en tasse et les biscuits secs, c’était pour nos 10 heures. Nous nous réconfortons bien étendus et couverts sur nos chaises-longues. A côté de nous des jeunes mariés de 10 ans elle, mignonne fluette, lui courageux prévenant intelligent.
Le bateau s’agite mais nous nous sentons bien… pourvu que ça continue.