"Quand même il faut venir une fois blaguer à toi..."

Ci-dessous : Angèle Nussbaum aux Maillards (sur Pouillerel), entourée de ses sept enfants : Berthe, Jeannette, Hélène, Alice, Willy, Jean-Louis, Charly.

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Beynes, 12 décembre 1934


Ma chère cousine et famille,

Quand même il faut venir une fois blaguer à toi et venir te souhaiter ainsi qu’à toute ta famille nos meilleurs vœux pour un heureux Noël et surtout une bonne heureuse année 1935 qu’elle soit meilleure.
J’espère que tu vas bien ainsi que tous. La santé est bien la plus belle des richesses hein toi Angèle. Il est vrai que tes jambes te font assez souffrir c’est bien dommage. Dans cette vie il faut en voir de toutes les sortes… quelquefois l’on se demande pourquoi étons (sic) sur cette terre.
Pour nous tous allons bien. Violette une grande gaillarde. Charli lui a poussé pas si vite. Le petit Jean Numa aura 5 ans le fruit du retour d’Europe ah ! ah ! Oui voilà bientôt 6 ans qu’on quittait cette belle Suisse et depuis bien des choses sont arrivées. Tes jeunes se trouvent mariés aussi en as-tu encore avec toi là-haut si loin de tout. Est-ce que l’hiver est bien rude cette année. Ici on a un hiver idéal les automobiles roulent. Ça semble nouveau je t’assure que parfois il n’y fait rien chaud. C’est pire qu’en Sibérie.
Et puis que fais-tu comme toutes les femmes de fermiers le travail ne manque pas. Ici on fait plus à manger que d’autres choses en hiver on se lève à 7h et moi à 8h½. On fait le dîner les 4 le souper et au soir toujours des veilleurs à minuit on donne un poussenion café beurre fromage qu’on fait deux fruits et gâteau tout des choses que nous faisons nous-mêmes ça en prend des œufs en conserve etc. C’est un pays tout autre que la Suisse on tricote avec de la laine de mouton filée soi-même. Ici c’est une voisine qui file un travail intéressant. On fait des descentes de lit avec des vieilles pattes. On utilise tout et avec les années sèches on ne peut pas toujours acheter du neuf on raccommode en masse ; on n’a pas beaucoup de jardinage trop sec. On espère que 1935 sera plus favorable.
(…)
Ici ça joue aux cartes et je te dis que ça blague. Violette est allée voir ses amies une grosse gaillarde Charli aussi parti vont rentrer bien vite demain iront à un arbre de Noël.
Et puis à Pouillerel comment vont-ils ? Louise a aussi été mal fichue. Ça doit être joli par là maintenant. Oui on vient (sic) vieux hein Angèle (…). Eh bien j’espère que ces quelques lignes te trouveront toi et les tiens en bonne santé, comme elle me quitte.
Avez-vous l’électricité par là je pense. C’est facile ici pas encore mais on a le téléphone qui rend bien service. C’est une compagnie on sait toutes les nouvelles du jour.
Il me faut aller mettre mon petit au lit il est 9h½. Il a une blague, et aime regarder jouer aux cartes.
Bonne nuit. Portez-vous bien tous, et recevez tous en famille nos meilleures pensées et bons baisers d’une cousine qui pense à vous malgré que je n’écris pas.

Votre affectionnée cousine Berthe

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