J'ai quitté la maison où elle est née

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12 Juin. J'ai quitté la maison où elle est née, où je l'ai vue mourir, de quel charme elle l'avait embellie durant sa courte existence. Il n'y a pas un angle, pas un meuble, un moindre espace où elle n'ait laissé un souvenir, partout je la voyais dans tous les instants du jour. J'ai tout regardé une dernière fois, la fenêtre où elle passait des heures, l'alcôve où je goûtais veillant sur elle des joies que je ne puis dire, le canapé où elle posait ses jouets, le tour de table où elle dansait. J'ai tout pris ce qui me restait d'elle , tout ce qu'elle a porté, tout ce qu'elle a aimé et je me suis enfuie avec mon trésor le coeur plein de larmes, dans ces nouvelles chambres où je m'étais tant réjouie de la conduire, que nous voulions orner et embellir pour elle et que maintenant nous parcourons les trouvant tristes et vides. C'est là que pendant des heures livrés à nous et à notre chagrin mon mari et moi nous repassons tous les détails de sa charmante vie. [...]

15 juin. Quel bonheur puis-je avoir maintenant. S'il m'en vient un rayon en regardant la petite Paule, aussitôt je sens qu'il y a un absent, si elle me sourit, cela ne me suffit pas, je voudrais deux sourires à la fois. Si je lui donne un baiser, mon coeur en a encore un à donner, elle manque partout, où que je sois il y a un vide. [...}