Un Noël princier

Les merveilles du "Christkindel"

Après le Noël des pauvres, celui de la famille princière:

A 5h., c'était "notre Noël"! La Princesse avait remis une longue robe de velours tuile et de splendides bijoux. Mademoiselle C., une longue robe de velours bleu-vert, les petites des robes roses et Tinon (l'auteur de la lettre ndlr), sa robe de fiançailles. Les garçons avaient de longues culottes.

Nous attendions tous derrière la porte du salon que le Prince vienne nous chercher. Les enfants hurlaient d'impatience et Aglaé, toute pâle, pleurait dans les jupes de la vieille Toni. Et ... tout à coup, la porte d'ouvrit sur toutes les merveilles apportées par le "Christkindel": Devant l'arbre illumuné, chaque enfant avait sa table garnie de jouets.

Figurez-vous que j'ai été gâtée! Mme von A. m'a acheté une belle étoffe (2 longueurs) pour me faire une jupe brun foncé en lainage; un joli foulard, 3 savons à la lavande (vieille marque autrichienne) et du papier à lettre. (J'ai la réputation d'avoir un courrier de ministre!) Chaque enfant m'a offert une petite surprise touchante et faite à grand peine derrière mon dos! J'étais très heureuse de voir toute cette joie et d'étrenner chaque jeu nouveau avec les enfants dont l'exhubérance était à son comble.

Je n'ai pas eu du tout l'ennui parce que ce n'était pas du tout comme chez nous et cela ne m'a rien rappelé qui aurait pu me faire mal.

(...) Le Prince a fait venir un franciscain de Rudolfswerth pour nous dire la messe le jour de Noël à 9h. dans la chapelle du château. Il est arrivé avec beaucoup de retard à cause de la neige et nous attendions tous quand, tout à coup, à 10h moins 10... le garde-forestier arrive en courant vers moi. "Die Mademoiselle soll in die Kanzlei gehen! Ein Telefon von der Schweiz um 10 Uhr!... Je n'ai fait qu'un bond! Ils auraient tous voulu venir avec moi pour entendre la voix de ce Francis dont ils savent déjà tant de choses! Et quel accueil après la cérémonie! "Il vous a embrassée?" "Vous l'avez entendu?" "Et qu'est-ce qu'il vous a dit?" "Francis, c'est votre Bräutigam, celui qui sera votre mari?"... Enfin quoi, c'était fou...

(...)