Chants solennels, cadeaux du Père Noël et jeux de société

Joindre l'utile à l'agréable

Pour la famille Schlup, le repas de Noël constituait la première des quatre parties immuables de la fête; le deuxième acte étant dévolu au sapin et aux chants, le troisième à la distribution des cadeaux et le quatrième aux jeux de société.

Extraits:

Après un bref, mais nécessaire, repos venait l'illumination de l'arbre de Noël, laquelle permettait d'entonner, très respectueusement "Minuit chrétien", suivi immanquablement de "Mon beau sapin, Roi des forêts", chantés en choeur par petits et grands. Je peux vous assurer qu'aucune personne assise autour de la table n'osait même sourire en ce moment solennel.

Le troisième "paragraphe", très attendu: d'abord, la prestation de l'oncle Georges, le mari de tante Hélène qui récitait à sa façon une fable de La Fontaine. Une où il excellait, une fois ses prothèses dentaires déposées: "Le corbeau et le renard". S'en suivaient les déclamations des enfants avec leur poésie de circonstance; en ce qui me concerne disons ânonné mon "charabia", j'en suis tout à fait conscient. Comme dans les grands Théâtres, j'avais ma souffleuse, heureusement que Maman possédait une bonne mémoire!

Les cadeaux, reçus des mains du Père Noël, du moins dans les premières années de ces réunions familiales, ne furent pas grandioses. Afin de joindre l'utile à l'agréable, ils se présentaient souvent sous la forme d'habits. Maman adorait tricoter, alors, chaussettes et pull-overs nous étaient remis à cette occasion, accompagnés d'une petite friandise, bien sûr. Tante Mathilde, seule couturière de la famille, présentait aux trois garçons de pyjamas de flanelle. (...) Ce n'est que lorsque je fus adulte et ouvrier que j'ai réalisé la somme de travail que cela représentait, le soir sous la lampe, pour notre "termineuse" de la "Movado" attachée à l'établi, neuf heures par jour, ceci depuis l'âge de quinze ans. (...)

Après le troisième acte, nous jouions à quelques jeux de société. La soirée, qui se prolongeait bien avant dans la nuit, se terminait pas un traditionnel match au loto. Ceci  afin de débarrasser notre tante "Titine" qui avait rassemblé avec amour la plupart des lots tout au long de l'année (pelettes en bois, pattes à relaver, savons, pincettes à linge, etc) Si un gamin criait "quine", alors notre "mécène" sortait de dessous la table un chocolat ou un massepain.