Esquisses et souvenirs de Daniel-Albert Chable, le jardin

Entre ombres et lumières

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Evocation du jardin de la propriété, croquis à l'appui.

(Les lettres en majuscules se rapportent au croquis. Certains termes sont traduits à l'intention de ses lecteurs anglophones. Parfois même, D.-A. Chable s'exprime directement en anglais.)

 

Le jardin était mon royaume. Les pruniers et le cerisier étaient toujours chargés de fruits que je dévorais. Le grand tilleul (lime tree) donnait une ombre fraîche en été et papa et maman s'y asseyaient pour lire le journal ou broder, assis dans des fauteuils de jardin à une table de fer. Dans la tonnelle (T) (garden bower) aux parois couvertes de chèvrefeuille (honeysuckle), papa et oncle Henri allaient le dimanche y boire l'absinthe dans un grand verre. J'allais pour eux chercher avec une carafe, l'eau à la fontaine (F) où l'eau était glacée et la carafe était couverte de condensation de l'air chaud de l'été. Papa versait l'absinthe et ça faisait un brouillard irisé. En 1908 papa a eu une attaque du coeur après avoir violemment secoué une branche du prunier (X4), alourdie de fruits. Ce mois de juin 1911, après le dîner, je sortais de la maison par la porte de derrière (P2) quand je vis papa qui marchait vers la tonnelle (T). Il avait un habit d'alpaca qui brillait au soleil et la fumée de son cigare flottait derrière sa tête. Je savais qu'il aurait aimé que j'aille lui tenir compagnie avec lui assis dans la tonnelle! Mais je préférais aller m'amuser avec mes amis qui m'appelaient à la porte du jardin (P3). Aussi je m'esquivai before he could see and call me... It was the last time I saw him alive!

X7: étaient des énormes pivoines (peony) rouges et roses. X8: Le pinetree! J'y bâtissais des plateformes de planches tout en haut (...) Sous tous les arbres fruitiers poussait de l'herbe qu'un paysan venait faucher à la faux pour ses vaches. En 1908 papa a fait installer dans le jardin un cadre pour des engins de gymnastique et une balançoire (swing). (suit un croquis de balançoire) Souvent après le souper nous allions nous y amuser. A cette heure de la journée, les soldats étaient libres et je me souviens qu'ils s'arrêtaient derrière le grillage pour regarder maman, cette jeune femme, et ils sifflaient! Je demandais. " Pourquoi est-ce qu'ils sifflent, maman?" C'est qu'en 1908 maman n'avait que 30 ans!