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Des montagnes grecques aux montagnes neuchâteloises

Fonds Photini Droz

02.09.2009


Mme Photini Droz de La Chaux-de-Fonds vient de confier ses archives familiales aux AVO. En fait partie notamment, un petit livre de 125 pages qu'elle a écrit à l'intention de ses neveux et nièces en 2008 et intitulé Souvenirs de la famille Emile Droz. Née en Grèce, Mme Droz a vécu dès l'âge d'un an et jusqu'au décès de ses parents, aux Eplatures-Grises, dans la ferme dite du Gros-Plâne.

Après un apprentissage de bureau, elle fut durant de longues années, employée à la Société de Coopérative de La Chaux-de-Fonds où elle rédigea notamment de 1958 à 1968, les Chroniques de Christine, des conseils et des réflexions destinés aux ménagères et publiés par le journal COOPERATION. Elle termina sa carrière professionnelle à Pro Senectute.

Les Souvenirs de la famille Emile Droz racontent l'histoire de son père Emile Droz qui, en 1912, alors qu'il était jeune vacher donna suite à une annonce insolite: "Grec cherche paysan disposé à mener des vaches à Corinthe. Durée du contrat: 6 mois." Peu après son arrivée en Grèce. Emile Droz épouse Dimitra, une jeune employée de maison. Après douze ans d'une vie difficile, le couple et ses quatre premiers enfants choisit de venir vivre en Suisse en 1923 et s'installe aux Eplatures, dans la ferme qu'occupent les deux frères d'Emile et où naîtront encore trois autres enfants. Le récit relate aussi la vie simple d'une famille de paysans pauvres, les décès, les soucis des années de crises et de guerre, les réseaux sociaux et le rôle important qu'occupe la religion dans la vie quotidienne. Dimitra qui ne sait ni lire ni écrire restera plus de trente ans sans nouvelles des siens jusqu'au jour où Photini Droz se rend en Grèce, en 1957, afin de renouer des liens avec sa famille grecque, liens désormais indéfectibles. Dimitra ne reverra jamais son pays ni sa famille. L'image de cette mère grecque, portée par une foi et un courage sans limites illumine le récit de Photini Droz:

p. 57: Les jours de fête il (le pasteur) apportait la communion. A chaque Pâques, il lui annonçait joyeusement: "Christos Anesti! (Christ est ressuscité.) Sa foi s'en nourrissait. Puis il y eut des pasteurs à la retraite. L'un d'eux dit un jour à ma soeur Olga: "Quelle chance a votre maman de ne pas savoir lire, elle peut méditer profondément.

p. 58: De sa Grèce natale, elle avait conservé sa tenue vestimentaire: longue jupe ample, tablier serré à la taille et foulard noir sur la tête. Chacun acceptait sa manière d'être peu, très peu conventionnelle parfois.

Les Souvenirs de la famille Emile Droz s'apparentent à d'autres "récits de vies" conservés aux AVO. Sans prétention littéraire et sans fard, ce type de témoignage livre de précieuses informations pour l'étude de la "microhistoire", qui est précisément celle des gens "ordinaires".

Photo: En page de couverture des Souvenirs..., Dimitra et Emile Droz.

      
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