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Correspondance familiale et négoce outre-Atlantique

Fonds Alfred-Jacques Berthoud-Anne-Louise Coulon

 

09.02.2011


Les AVO viennent de faire l'acquisition d'un fonds qui comprend notamment une correspondance émanant du négociant neuchâtelois Alfred-Jacques Berthoud (1802-1887), père d'Edouard Berthoud, l'un des fondateurs de la fabrique de Câbles de Cortaillod.

Destinées à sa mère et à sa seconde épouse, Anne-Louise Coulon (1817-1911), les lettres de Berthoud constituent un précieux témoignage sur le commerce international du Neuchâtelois et sur son large réseau social ; elles sont aussi révélatrices de la qualité des relations familiales dans un milieu neuchâtelois aisé du milieu du XIXe siècle. (cf. extraits dans notre rubrique Dossiers)

Café et canne à sucre. Dans les années 1820, A.-J. Berthoud s'expatrie au Surinam (ancienne Guyane hollandaise) où il devient propriétaire de plantations de caféiers et de canne à sucre. Il vit treize ans en Amérique du Sud et y épouse la fille d'un riche propriétaire terrien, Christina Esther Weissenbruck qui meurt en couches avec leur fils premier-né. Il se remarie à Neuchâtel, avec Anne-Louise Coulon, en 1838.

La lettre, une passerelle vers l'autre. Outre les copies des lettres adressées par Anne-Louise à sa famille durant son voyage de noces en France et en Italie durant l'été 1838,  trois liasses de lettres originales nous sont parvenues. La première comprend un échange de correspondance entre A.-J. Berthoud et sa mère entre 1836 et 1837. Les lettres font état de nombreux déplacements professionnels à Amsterdam et à La Haye. Elles relatent également un long séjour à Paris durant lequel le Neuchâtelois profite pleinement de la vie culturelle de la capitale en se rendant à l'opéra, au théâtre, aux concerts.

Deux autres liasses ont été conservées par Anne-Louise elle-même qui note sur la première : 13 lettres d'Alfred qu'il m'avait écrites pendant son voyage à Amsterdam en 1839, avant la naissance d'Alphonse. Un billet (photo) précieusement conservé portant la mention: Lettres de mon cher Alfred, écrites pendant son voyage à Surinam en 1840 accompagnait une troisième liasse de trente-quatre lettres écrites entre juin 1840 et juillet 1841, alors que le Neuchâtelois se rend au Surinam dans l'intention de vendre ses propriétés. Elles détaillent abondamment ce voyage qui débute le 22 juin 1840 sur le Rhin et conduit A.-J. Berthoud de Bâle aux Pays-Bas, où il embarque sur le trois-mâts Le Jeune Louis Antoine à destination de Paramaribo (Surinam).

Dès son arrivée le 20 août, après une traversée de trente-neuf jours, le voyageur donne des nouvelles de sa santé, de la traversée de l'Atlantique et de ses activités professionnelles sur sol sud-américain. Celles-ci seront dès lors essentiellement consacrées à la vente de ses récoltes et finalement, à celles de ses domaines. Privé de la présence de sa femme et de son fils, âgé d'un an à peine, A.-J. Berthoud se languit d'eux et se soucie constamment de leur bien-être et règle à distance des problèmes d'ordre domestique. Impatient de les retrouver, il se réjouit de découvrir les progrès réalisés par son petit Alphonse durant ces longs mois d'absence. En outre, il ne manque jamais de s'enquérir de la santé de sa mère, de celle de sa belle-famille et de ses nombreux amis neuchâtelois.

Les lettres de Louise à son mari ne semblent pas avoir été conservées mais leur trace est perceptible dans celles d'A.-J. Berthoud qui y fait constamment référence. A l'heure de la communication planétaire quasi instantanée, on imagine sans peine la joie qu'éprouve l'expatrié neuchâtelois en recevant, le 20 septembre 1840, six lettres envoyées par sa femme au mois de juillet. Lui-même, en arrivant sur le sol sud-américain, lui écrit: Dans 50-55 jours j'espère que tu auras la nouvelle de mon arrivée...

Des relevés scientifiques. Durant la traversée de l'Atlantique, de Niewdiep aux Pays-Bas jusqu'à Paramaribo, A.-J. Berthoud dessine une carte  fort détaillée (cf. photo dans notre rubrique Dossiers). Elle est destinée en priorité à son épouse mais également à ses amis neuchâtelois passionnés de sciences naturelles. Dans une lettre datée du 17 août, il écrit: J'ai pris note journellement pour Mr. Guyot de la température la plus élevée et la plus basse, de l'aspect de l'atmosphère et des vents de la journée; cela ne lui presse pas et tu pourras lui prêter cette carte une fois ou l'autre. Il s'agit vraisemblablement ici de Arnold Henri Guyot (1807-1884), ami de Louis Agassiz, qui fut professeur d'histoire et de géographie physique à la première Académie de Neuchâtel de 1839 à 1848, avant d'émigrer aux Etats-Unis, comme Agassiz.

 

 

 

      
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