Les métiers disparus

Matelassier et charbonnier

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Plus loin, il y avait un matelassier-tapissier. En été, il éventrait ses matelas sur le trottoir. il disparaissait derrière sa montagne de crin et on entendait le cliquetis de sa carde qui allait et venait. Il avait beaucoup de travail car chaque famille tenait à faire aérer ses matelas en été. Il y avait là comme un rituel et ma famille n'y échappait pas. Je ne trouvais pas agréable du tout de me coucher sur ce matelas bien rebondi qui me roulait à droite et à gauche. J'avais hâte d'y recréer mon trou.

Pour achever le décor de la rue, je dois encore placer la maison du charbonnier, sise juste en face de l'autre côté de la rue, de la droguerie. Si cette dernière me transportait vers des sensations très agréables et m'enchantait, l'ambiance du charbonnier était noire et poussiéreuse, dépourvue d'attrait pour une petite fille. Des hommes allaient et venaient remplissant des sacs de charbon et de bois. Ils les hissaient sur le pont d'un camion pour aller les livrer dans les familles. Ce travail dégageait une fine poussière noire qui se collait aux murs de la façade de la maison et recouvrait le trottoir... Les hommes étaient noirs aussi et ils me faisaient peur.

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