La rue

Cinéma

A l'angle de la rue, ouvrant en quelque sorte mon univers sur la grande scène de mes premières années, se trouvaient le cinéma Eden et son bistrot attenant. Je ne savais pas que "Eden" voulait dire "Paradis" et pourtant la fascination qu'il exerçait sur moi était magique et quasi paradisiaque. Son propriétaire avait un fils de mon âge et tous les deux nous nous glissions en cachette et à l'insu de nos parents respectifs à la séance de visionnement des films. Nous nous tassions au fond de la salle, à la dernière rangée des fauteuils pour ne pas être vus de la cabine de projection. Dès que l'écran s'allumait nous formions osmose avec le film, nous devenions les personnages, les paysages. Les images nous emportaient dans une bulle fantastique qui ne nous libérait que bien longtemps après que l'écran se soit éteint. (...)