Un retour en avion mouvementé

Enfin il fallut partir, quitter cette vie de dolce farniente auquel on ne s’habitue que trop vite, remettre un col empesé et amidonné quand pendant un mois on a vécu vêtu simplement d’une chemise ouverte et d’une paire de pantalon. Nous sommes partis mon père et moi, accompagnés en auto à Toulon par mon beau-frère et ma sœur. A Marseille, nous mangeons une excellente bouillabaisse chez Dasso, puis à deux heures, mon père prend l’auto qui le conduit à son avion. Ce voyage du retour s’est moins bien effectué que celui de l’aller, il n’y avait que 2 voyageurs au lieu des 9 de l’aller. Aussi l’avion était-il plus petit. Pendant la dernière heure survint un orage. On conduisit l’avion au-dessus des nuages et le bruit du moteur était sans interruption mêlé à celui du tonnerre. Il y eut même rencontre de deux orages. Mon père m’a raconté que l’avion était au-dessus de ceux-ci, et qu’en regardant au-dehors, il voyait les éclairs perpendiculaires au-dessous de l’appareil. Tels de nouveaux Jupiter, il leur semblait que c’étaient eux les voyageurs qui lançaient la foudre. Après beaucoup de peine, ils atterrirent à Genève, tandis que l’avion venant de Lyon ne put arriver jusqu’à cette ville et fut forcé d’atterrir à Annemasse. Les journaux ont parlé de ces deux voyages en donnant le témoignage des pilotes qui disaient qu’ils avaient vécu alors une des heures les plus tragiques de leur vie. Mon père qui était tout enchanté de son 1er voyage en avion, l’était naturellement moins cette fois-ci mais était prêt cependant à recommencer, mais « par un temps calme » !