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Raymond Vogel ne donne pas la raison d'un tel voyage et de la participation officielle de la Fanfare à cette grande fête. Est-ce une demande de la Municipalité de Mâcon ou une proposition de la Fanfare, par l'entremise du pasteur Georges Vivien, actif peut-être dans des oeuvres de soutien à la France après la guerre?

Vendredi 10 août: Après bien des démarches et de la correspondance, le départ a lieu le vendredi 10 août à 6.50 H en gare d’Auvernier ; trente personnes, dont la Société des Vignerons de Peseux in corpore, ont tenu à accompagner la Fanfare de Corcelles-Cormondrèche. L’aller se fait par Lausanne-Genève où nous retrouvons à Cornavin notre Président et Chef de course Alfred Ramseyer, lequel nous précédait d’une journée afin de régler les dernières formalités pour le voyage en territoire français. Après un arrêt d’une heure et demie à Genève, qui est employé surtout à changer notre argent sonnant et trébuchant contre les billets fripés et les pièces trouées de nos excellents voisins, nous repartons. La Plaine est traversée, la frontière est franchie sans que la plupart de nos voyageurs en aient conscience, ils jouent aux cartes !

Dès que le long tunnel de l’Ecluse est derrière nous, voici Bellegarde. Ici, il  y a visite de la douane, ce qui se fait sans accroc. Il y a aussi changement de train, mais cela va plus longtemps, il a 25 minutes de retard. En l’attendant, on déguste une bonne bière qui, si elle n’est pas fraîche, a du moins le mérite de ne point donner un refroidissement. C’est comme le convoi annoncé qui, une fois formé, vient au devant de nous. Les premiers qui en firent l’assaut durent en redescendre précipitamment en disant aux autres, il fait aussi chaud que dans un four à pain ! De ce four à pain là, on dut s’en contenter jusqu’à Bourg-en-Bresse. Dès les premiers tours de roue, chacun naturellement tint à se mettre à son aise, les uns se contentant d’enlever leur vareuse, tandis que d’autres tirent jusqu’à leur chemise ! Tout le monde met la tête à la portière pour aspirer un peu d’air frais, mais ne tarde pas à la rentrer, car la locomotive crache le charbon à la pelle !

De Bellegarde à Culoz, nous longeons le Rhône qui roule des flots tumultueux dans un profond ravin. De Culoz à Ambérieu, le paysage est plutôt désertique, le charbon que crachent les locomotives y allume de fréquents incendies. Dès Ambérieu commence la plaine de Bresse, laquelle s’étend à perte de vue. A Bourg, deux heures et demie d’arrêt, lesquelles sont employées à déguster une bière fraîche cette fois-ci, plutôt que de parcourir par cet après-midi torride les rues de la ville.

Au départ, quelques marches jouées sur la place de la gare contentent le public accouru. Nous prenons possession de nos troisièmes qui remplacent jusqu’à Mâcon les moelleux sièges de secondes auxquels nous étions si bien habitués. Si le convoi précédent avait la température d’un four à pain, celui-ci par l’effet du soleil ne le cède en rien à celle d’une fournaise. Tout y est chaud, l’air irrespirable, les bières dégustées ont bientôt fait de mettre en nage leurs adorateurs ! C’est dans ces conditions charmantes que se termine notre voyage et comme l’astre du jour descend à l’horizon, nous stoppons en gare de Mâcon. La chaleur est encore étouffante certes, mais néanmoins il faut rajuster sa tenue pour tâcher de faire bonne impression sur les mâconnais.

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