Camisole, bas et blouse

Dresde, 16 novembre 1905

Ma chère famille,

(…) Merci pour toutes vos bonnes lettres qui arrivent avec une régularité exemplaire mardi matin à 11 heures. Je les prends une à une, par rang d’âge de l’écrivain pour répondre. (…)

… Voici chère maman la grande questionneuse. J’ai failli m’évanouir de terreur en constatant que je portais une camisole mince. Je ne fis ni un ni deux, je me dis : Pilet, tu as toujours été l’obéissance en personne, continue dans ce droit chemin. Et incontinent je délaissai la camisole mince pour me plonger dans une épaisse qui n’est pas loin de me battre les talons. J’ai aussi examiné avec inquiétude mes bas, mais aucun n’avait l’œil ouvert. Quant à ma blouse de relieur elle est encore des plus présentables et ressemble à un manteau royal à côté de celles des apprentis, mes copains. Enfin je prends des grands bains, qui ne m’ont pas encore refroidi, et je prends ma robe de chambre le soir quand je veille seul ce qui arrive rarement. (…)

Je ne prends pas de leçon de canne pour la simple raison que ce sport est inconnu ici. On n’y fait guère que de la rapière, pour que Mrs les étudiants puissent se couturer élégamment. (…)