Un bilan un peu amer

Portrait d'Eugène Wille en 1910.

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1er novembre 1866, Eugène Wille


(…)
Du reste, cher père, que te dirais-je qui puisse t’intéresser ? Notre vie est toujours assez insipide ; quand dans vos lettres vous témoignez quelquefois la crainte de nous voir prendre goût à ce pays, j’en ris intérieurement, car mon plus grand désir serait de pouvoir m’y accoutumer, mais hélas une triste indifférence et une résignation forcée est le seul résultat de mes efforts. Ma santé est cependant toujours florissante, quoique je n’aie pas encore à lutter contre l’obésité qui t’importunait et qui menace un peu Charles. Ce dernier trouve qu’il a perdu l’air distingué qui le caractérisait et, entre nous soit dit, il n’a pas entièrement tort. Mais je crois qu’un air à la bonne foi ne fait de mal à personne et inspire de la confiance ; il me semble que la vente prospère en proportion de l’embonpoint.
J’espère que cette lettre vous trouvera tous en bonne santé et je désire surtout que les affaires se remettent sur un meilleur pied, ce qui, je le sais par expérience, contribue passablement à la bonne humeur. (…)

Adieu, cher père, reçois deux énormes baisers de ton fils
Eugène
Des salutations à tous, surtout à ma chère petite mère.

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