Un camp scout arrosé

Pour les enfants, le déroulement des saisons est aussi lié l’activité des mouvements de jeunesse, tels que les scouts ou les Unions chrétiennes de jeunes gens. Le livre d’or de la troupe des Vautours (Neuchâtel) relate les camps et autres événements importants vécus par ces scouts. Ainsi, le mercredi 14 août 1935, la troupe part pour son camp d’été, qui a lieu aux Cottards, sur le territoire communal de La Brévine.

Nous partons tous très joyeux ce mercredi matin, mais hélas une pluie battante nous accable sans cesse, mais nous sommes quand même tous très joyeux ; arrivés très doucement et lentement à Boveresse, nous montons rapidement le long de la route trempée et boueuse qui mène aux Sagnettes. Là-haut, nous bifurquons par un petit chemin qui nous mène droit au nord sous des sapins mouillés qui nous dégouttent dans le cou. Toujours très joyeux, sauf quelques cossards et râleurs qui ont envie de redescendre- Nous arrivons sur une sorte de landes, pâturages clairsemés de sapins isolés qui poussent au milieu du pâturage. Un épais brouillard nous enveloppe et nous devons nous diriger à la boussole, bon exercice pour les examens. Nous arrivons sous une sorte de citerne et là (…) nous descendons rapidement vers le dit chalet, bien contents de se mettre au chaud. Nous nous séchons, un petit feu est vite allumé dans le potager et aussitôt une foule de chaussons, souliers et vêtements sont pendus autour.

Samedi 24 août
(…) Il pleut. Les nuées de brouillards se traînent dans la vallée, le terrain est détrempé. Il faut que quelqu’un aille au village. Castor et Antilope se dévouent. Nous avons fait 4 heures (quatre !) pour aller à La Brévine et aux Taillères. Pourquoi ? C’est ce que tout le monde ne sait pas. Car tout le long chemin, il s’est passé une lutte dans la conscience de Castor et d’Antilope. Nous avions reçu une demi tourte à la poste « pour les éclaireurs ». Fallait-il la rapporter au camp ? Il n’y en aurait pas pour tout le monde. Fallait-il la manger ? Tous les 5 mètres, nous nous arrêtions, faisions le tour du petit char, trempions nos doigts dans la crème. Mais nous avons vaincu la tentation et sommes arrivés au camp avec la tourte. On s’est moqué de nous, mais nous avons mangé la tourte entre trois. Elan nous a aidés. Cela compensait l’effort et le temps mis !

Mardi 27 août
Pluie, c’est écœurant, nous nous embêtons à se tourner les pouces, on chante, on s’amuse dans la grange. Coyotte essaye et griffonne un papier avec une boîte de peinture à 0,95 aux Armourins. Enfin on monte vite au camp vers 11 heures et nous commençons à descendre le camp. Nous avions construit un beau portique et voilà que le garde forestier vient justement ce jour-là faire une inspection du terrain et le Maharadja tâche de le détourner à un côté différent pour nous permettre de défaire notre portique, car nous avons cassé de jeunes sapins sans la permission de Souris, mais hélas on n’osait pas du tout !!! Enfin le soir arrive, et l’on va tous se coucher et nous pensons avec tristesse que c’est demain le dernier jour du camp.

Noël 1942
Noël sans neige ! Noël de guerre !!! tant pis ! Nous nous rassemblons autour du traditionnel sapin en forêt. Nous sommes heureux de pouvoir, comme les autres années, fêter Noël, toute la troupe rassemblée. Les flammes des bougies, les paroles de l’assem, les chants, le récit de Noël toujours plus beau d’année en année, nous réchauffent le cœur. Nous pensons aux milliers de nos frères scouts disséminés dans le monde où ils souffrent et sont peut-être poursuivis parce qu’ils sont restés fidèles à leur loi. Vers six heures nous descendons en ville, pour nous rendre à la salle du restaurant sans alcool où nous passerons la soirée. Nous sommes bien en appétit lorsque nous attaquons le souper, toujours bienvenu. Après le repas, nous assistons à des productions éclais et routiers. La soirée est égayée par nos chants et nos bans. Mais hélas, le temps passe et cette soirée, la dernière de 1942 où nous sommes ensemble, s’achève. Mais le chant de l’« au-revoir » nous rappelle que notre séparation n’est que momentanée.