Une longue et pénible séparation

1941

C'est une longue et pénible séparation et l'on n'en voit pas la fin. En décembre 1940, mes parents s'installent dans le presbytère de Glay, petit village de 300 habitants, proche de la frontière suisse. (...)

1941

La proximité de la Suisse est un atout à Glay et mon père a le droit d'aller dans les fermes situées près de la frontière. Seuls le médecin, la sage-femme, le curé et le pasteur ont cette autorisation. Francine, la fermière du Pré du Prince accepte de passer du courrier pour la Suisse avec la complicité d'un fermeir suisse. Ainsi il y a un échange de lettres mais très irrégulièrement, Le 10 février, je dois être opérée de l'appendicite à l'hôpital des enfants de La Chaux-de-Fonds. A mon réveil douloureux, j'appelle: "Maman!". Oncle Paul a réussi à donner des nouvelles à mes parents. Un soir, à l'heure des visites, il entre avec un sourire bizarre et je vois mon papa qui le suit. Il a passé la frontière en fraude pour me voir. Ce sont des moments d'émotion indescriptibles. Le lendemain, la soeur met mon lit dans une chambre seule et je passe un bon moment avec mon papa. Hélas, il doit repartir avec tous les risques possibles, mais au moins on s'est revu et il a revu sa mère qui a 80 ans.

Pendant ma convalescence en mars, Maman prendra les mêmes risques et viendra pour deux jours; passage à nouveau réussi. On est gardés!