L'avance de l'armée allemande est foudroyante

juin 1940

Je vais encore au Collège les premiers jours de juin. Le Principal vient un matin dans chaque classe et nous demande d'apporter les bouteilles à champagne vides afin de les répandre sur la route et ainsi entraver l'avance des chars allemands. Comme il n'y a jamais eu de bouteilles de champagne au presbytère, je ne me sens pas concernée. Un professeur nour lit "La dernière classe" d'Alphonse Daudet avec beaucoup d'émotion et nous savons que l'école est finie. Je me sépare de mes camarades d'école avec qui je viens de passer plus de cinq années et ne les reverrai plus jamais.

L'avance de l'armée allemande est foudroyante et bientôt c'est la débâcle. Le 12 juin nous partons en voiture, emportant tout ce que nous pouvons, abandonnant tout le mobilier et ce que nous possédons. (...) Après un voyage éprouvant, nous arrivons à Seloncourt, M et Mme Kuntz nous ouvrent leur maison. Ils sont inquiets pour leurs sept enfants dispersés.

Le lendemain, Papa nous conduits Maman et moi à la frontière suisse à Damvant. Nous sommes prises en charge par l'armée suisse dans un convoi de réfugiés (alors que nous comptions nous rendre seules à La Chaux-de-Fonds).


Marguerite et sa mère sont conduites près de Romont et ce n'est que là, après un certain temps que Paul Siron, l'oncle de La Chaux-de-Fonds, peut venir chercher sa nièce qui va suivre durant quelque temps le Gymnase à La Chaux-de-Fonds tandis que sa mère retourne en France auprès de son mari.