Lundi 11 avril et mardi 12 avril 1887 : de Berlin à Dresde

Image : L'Altmarkt à Dresde à la fin du XIXe siècle

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DEUXIÈME VOYAGE DE DANIEL JUNOD (PRINTEMPS 1887)

Lundi 11 avril 1887 : de Berlin à Dresde où Daniel découvre la salade russe

À 1h 45, je quitte Berlin et la foule d’amis qui nous ont accompagnés à la gare, Muller et moi. Je suis enrhumé comme un malheureux et ai pleuré tout le jour de Berlin jusque peu avant Dresde. Vastes et ennuyeuses plaines sablonneuses, incultes, tristes. Pour en rompre la sombre monotonie des moulins à vent, nous dormons… Nous nous engageons enfin dans la large vallée de l’Elbe, bordée de deux lignées de collines. Nous traversons l’Elbe que sillonnent de nombreux bateaux à vapeur, merci ! (…)

Et bientôt nous voilà à Dresde, logeant au Forstenhaus de la Kleine Brüdergasse. (…) Petit tour en ville, visitons une auberge à la manière bavaroise, au Kaiserhof, causons avec des soldats, des Schützer, goûtons dans une brasserie. J’essaye de la salade russe, fort bonne, café comme chez nous. Rhume va mieux, mais maux de dents. Coucher à 10 h. ½.

 

Mardi 12 avril 1887 : Dresde

À 8 h.3/4, je me lève. J’ai ronflé, m’a dit Muller. Toujours est-il que mon rhume et mes dents vont les deux considérablement mieux. Pendant que Muller combine avec effort un itinéraire, je m’en paye encore une toute petite à dormir. Puis nous parcourons la ville :

l’Altmarkt avec son monument élevé à la mémoire des soldats morts en 70 et 71 ; la Frauenkirche, la cathédrale luthérienne, avec sa puissante coupole rococo ; le monument de Luther qui est la copie de celui de Worms, mais sans le beau piédestal et les statues environnantes…

À 10 h. ½, visite de la Galerie, qui nous coûte 1.50 M, ce qui m’indigne. Je n’ai pas vu grand-chose de neuf, à part quelques modernes et anciens… Je déteste les vieux Allemands ; à quelques exceptions près, j’aime les Hollandais, les Français et les Flamands. Vive les Espagnols comme Murillo et les Italiens.

À dîner, nous mangeons du cerf qui n’est point mauvais. Puis, nous filons tout bonnement jusqu’au Grand Jardin impérial avec étangs et bosquets, mais tout habillé d’hiver encore. Aussi nous n’y trouvons rien de bien épatant.

À 6 heures, Muller part pour la gare. Il couchera à Weimar. Quel brave et ami chrétien ! Les corps se séparent mais les cœurs restent unis.

À 7 heures, je me rends à l’opéra. On y joue l’Amelia de Verdi. Belle sonnerie, musique un peu méridionale. Puis, je bois encore une chope dans une belle brasserie. Ensuite, à l’hôtel, me coucher.

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