Entre doutes et espoirs
Il me semble que tu ne veux pas venir en Amérique
Vera, Provincia de Santa Fé, le 3 janvier 1916
Ma très chère Loulou y mi novia
Aujourd'hui même je reçois ta lettre qui m'a comme tu penses fait un sensible plaisir mais un peu triste car il me semble que tu ne veux pas venir en Amérique. Je voudrais que tu me dises si vraiment tu veux venir et non me faire souffrir ma chère Loulou plus longtemps. Crois que j'ai aussi souffert pendant le temps que je suis éloigné de toi.
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A présent ma chérie dis-moi et écris-moi quand tu peux venir. Vois-tu ma chérie je croyais que tu ne voulais plus me répondre et tous les jours je t'ai devant mes yeux et bien souvent la nuit. Je ne sais pas pourquoi mais enfin c'est comme cela. Je ne parviens jamais à t'oublier et je serai toujours malheureux sans toi et crois- moi car cela est sincère ma chère Loulou.
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L'autre jour j'ai été dans une maison de paysan dans le campo comme on appelle ici. J'ai rencontré une dame qui vient de Porrentruy donc une Suissesse française dont on a raconté un peu sa vie d'amour et de jeunes [?] puis elle m'a dit que si je voulais elle t'écrirait pour t'encourager à venir car elle sait aussi qu'il me manque le principal dans mon petit négoce la confiance d'une personne qui serait toi et pas d'autre. Cette dame est une vieille personne de 60 ans. Il y a 42 ans qu'elle est dans le pays mais elle est très riche. Ce sera la première personne que tu feras connaissance quand tu viendras. Reçois ma chère fiancée o novia mes bons baisers que je te donnerais et que je ne pourrais jamais me rassasier.
Ton dévoué fiancé Riquet Enrique A bientôt c'est ma seule espérance