Le ravitaillement des faucheurs manuels

La limonade maison

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Il fallait ravitailler également les faucheurs manuels, saisonniers fribourgeois, toujours les mêmes, qu'on engageait année après année. Il y avait Gabriel le grand maigre avec son béret, toujours souriant et très gentil et Louis qui ressemblait à Ferdi Kubler, le champion cycliste de l'époque et les autres... moins réguliers peut-être.

Ainsi régulièrement, à chaque heure de la journée, je passais vers eux pour les abreuver. Les boissons que je leur versais dans l'unique verre commun à tous était essentiellement du vin rouge que souvent on coupait avec de la limonade "maison".

Au fond du verre, il était d'usage de laisser un petit peu de liquide que l'on déversait d'un coup sec avant de passer le récipient au suivant, comme pour le purifier après son emploi. La "limonade" était donc fabriquée par nos soins. Dans de grands pots de terre remplis d'eau, on faisait macérer la fleur de sureau noir, le citron, les raisins secs et le sucre qu'on laissait au soleil durant plusieurs jours. Puis, c'était la mise en bouteilles (ma mission principale dans cette opération) et celles-ci étaient entreposées dans la fraîcheur de la cave jusqu'à ce que des gaz fassent pétiller le liquide. Il arrivait parfois que des bouteilles éclatent avant l'emploi mais de toute façon, à chaque ouverture de bouteille, il fallait se méfier de la sortie intempestive du liquide fougueux... mais tellement délicieux!