La trotinette...

ou le cadeau escamoté

On se réjouit surtout des cadeaux de tante Marthe, la soeur de papa. Elle nous aime beaucoup et nous gâte parce qu'elle n'est pas mariée et n'a évidemment pas d'enfants. Elle nous demande toujours ce qui nous ferait plaisir. L'année passée on a dit "des patins" et elle nous a appoté de beaux "arrache-talons". Cette année, je lui ai dit que j'aimerais tellement une trotinette mais que papa ne veut pas, parce que c'est trop dangereux, à cause des autos et que je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez, ce qui n'est pas vrai depuis que j'ai des lunettes et qu'il ne passe presque pas d'autos devant la maison!

Le jour avant Noël, je suis allée chez grand-mère dire bonjour à tante Marthe qui venait d'arriver de Berne et au bout du corridor, j'ai vu un gros paquet avec un manche tout emballé, qu'elle s'est dépêchée d'aller cacher dans une chambre. Ma trotinette!... Je n'ai rien dit pour ne pas gâter la surprise...

Le soir de Noël qu'on appelait "la vieille", je ne sais pourquoi, quand tout le monde a été là: grand-père, grand-mère, tante Marthe, du côté de papa et grand-papa, grand-maman de La Chaux-de-Fonds plus tante Yvonne et oncle Paulet du côté de maman, on a allumé les bougies, récités nos poésies, chanté "Nettoie Nella" et reçu nos cadeaux, il n'y avait PAS de trotinette... (...)

L'année prochaine, j'écrirai au père Noël pour la trotinette, parce que, le père Noël je suis sûre qu'il existe; la preuve c'est qu'il a mis une plaque de chocolat dans mes souliers, et une aussi dans ceux de mon frère. Si c'étaient nos parents, le père Noël, comme les copains disent à l'école, on aurait trouvé une seule plaque pour les deux!

J'ai appris, bien plus tard, que papa avait obligé tante Marthe à rapporter la trotinette au magasin...