Noël 1870, en Allemagne loin des siens

Bonbons, drapeaux suisses et cadeaux pratiques

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Alors qu'il étudie la théologie à Leipzig, Gustave Henriod, futur pasteur à Fleurier, passe Noël avec sa soeur Louise, chez un oncle à Hambourg. C'est de là qu'il écrit à ses parents en décembre 1870, pour leur demander comment sa famille a passé les fêtes et leur raconter ce qu'il vient de vivre loin du pays.

Extrait:

Hamburg, décembre 1870

Mes bien chers Parents,

(...) Louise et moi sommes dans l'attente d'une lettre qui nous raconte un peu comment se passent et se passeront les fêtes de Noël et du Nouvel-An à Colombier et à St.-Blaise. Quant à nous, nous les passerons dans la plus grande activité. (...)

Après avoir fait le récit des jours qui précèdent durant lesquels il a rencontré d'autres jeunes neuchâtelois expatriés, Gustave Henriod en vient à la fête elle-même:

Mais il est temps, n'est-ce pas, que je passe à des sujets moins théologiques & que je raconte comment s'est passé dans la famille Barrelet la fête de Noël. Le samedi soir, chacun s'est mis à l'oeuvre, les pensionnaires aussi pour orner l'arbre de toutes sortes de bonbons, de paniers en papier doré, de petits drapeaux suisses, etc, etc. Pendant ce temps on chantait toutes sortes de choses. Alfred entonnant "Le petit navire", nous l'accompagnâmes en choeur. On chanta "Le cousin Jean", "Le pauvre Jaques* etc. Le travail fini, Claudon qui est tout à fait de la famille, débouche généreusement une bouteille de vin, à lui envoyée par sa marraine, une personne de Bâle, et fait circuler une assiette de leckerli provenant de la même source. Là-dessus, chacun alla se coucher entrevoyant pour le lendemain d'agréables surprises.

Le matin de Noël, nous sommes allés en bande entendre un culte français. (...) Le soir venu, la fête a commencé par un chant exécuté par les jeunes gens. C'était une petite surprise que nous avions préparée pour Tante Sophie. J'aime à croire que notre choeur juvénile fait fureur car on nous a demandé plusieurs fois de répéter nos chants.

Les nombreuses tables du salon étaient couvertes de cadeaux; il y en avait pour chacun. J'étais très bien partagé. Sous un certain nombre de braune Küchen se cachait le joli porte-feuilles ou porte-cartes de visite que Papa m'avait envoyé par Alfred et dans lequel étaient contenus les f.10 de ma marraine. Les tablettes au jus achetées, je pense, chez Mesdemoiselles Morel, ont fait plaisir à tout le monde. Les cousins Barrelet m'ont donné un porte-monnaie aux nombreuses poches. Tante Sophie m'a offert un de ces nécessaires de voyage où se logent peignes, brosses, etc (bientôt aussi les rasoirs!). Louise m'avait tricoté des bas et fait des manchettes. (...)

J'aime beaucoup entendre toute la famille chanter; on entend encore ces petites voix naïves qui se trouvent quelquefois un peu retardées et mal assurées.

J'écrirais jusqu'à demain si c'était possible et si je voulais tout raconter mais il faut me hâter de joindre ces pages à la lettre de Louise et d'écrire encore à Grand-Papa. Adieu toute ma chère famille. Distribuez de ma part des souhaits de nouv.an à tous les parents & connaissances de Colombier.

Votre fils et frère Gustave 

Photo: Fonds Henriod

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